Carolina Adriazola et José Luis Sepúlveda forment un duo de cinéastes engagés qui, depuis plus de vingt ans, explorent les réalités sociales, politiques et affectives du Chili contemporain. Leur filmographie — El Pejesapo (2007), Mitómana (2009), Crónica de un Comité (2014), Il Siciliano (2017), Harley Queen (2019) et Cuadro Negro (2025) — a été saluée dans de nombreux festivals internationaux tels que Locarno, San Sebastián ou BAFICI. Leurs œuvres ont également fait l’objet de rétrospectives au Pérou (Transcinema), en Espagne (Festival de Málaga, Cineteca de Madrid) et en France (Festival de Toulouse).

Pionniers d’un cinéma radicalement indépendant, ils assument chaque étape de la création — de la recherche à la postproduction — et revendiquent une pratique autonome, affranchie des logiques industrielles. Cette méthode leur permet de tisser une véritable intimité avec leurs protagonistes et de proposer un regard affûté, sensible, à rebours de l’extractivisme audiovisuel.

Leur cinéma s’inscrit dans une zone frontière entre documentaire et fiction. Ils brouillent les pistes, travaillent les frictions entre le réel et le performatif, l’intime et le politique, le quotidien et le symbolique. Le corps — qu’il soit le leur, celui des personnages filmés ou celui du territoire — y devient un outil narratif central, une matière vive.

Leur œuvre interroge les marges, qu’elles soient géographiques, sociales ou existentielles, et questionne les modèles dominants de représentation. Plutôt que de raconter des histoires, ils ouvrent des espaces de trouble, d’inconfort et de pensée : des zones où surgissent la contradiction, l’absurde et la complexité du monde.

Parallèlement à leur travail de création, ils sont les fondateurs du Festival de Cinéma Social et Antisocial (FECISO), actif depuis 18 ans avec 29 éditions à son actif, ainsi que de la première École Populaire de Cinéma du Chili, en fonctionnement depuis 15 ans. Leur pratique circule librement entre les circuits institutionnels — festivals, musées — et des lieux alternatifs ou populaires : places publiques, syndicats, écoles, centres communautaires. Un cinéma de résistance, sans concession, porté par une volonté de transformation.